Paris, le 26 mai 2023 - A l’assemblée générale de TotalEnergies, tenue ce matin en marge d’une très forte mobilisation de la société civile, les actionnaires ont approuvé le plan climat de l’entreprise française à 88,76%. Un soutien élevé malgré une stratégie climat incompatible avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C. A l’inverse, la résolution climatique déposée par les actionnaires a reçu 30,44% d’approbation, un vote bien supérieur à celui obtenu pour des résolutions similaires aux assemblées générales de Shell (20,19%) et de BP (16,75%). Reclaim Finance salue l’action des actionnaires qui bien que minoritaires agissent pour forcer TotalEnergies à revoir en profondeur sa stratégie et dénonce l’hypocrisie des actionnaires qui soutiennent inconditionnellement l’entreprise malgré leurs propres engagements climatiques. L’ONG appelle les investisseurs à dépasser le jeu des votes en suspendant tout nouvel investissement tant que la major continue de développer de nouveaux projets fossiles.
Malgré l'appel récent de près de 200 scientifiques et experts à voter contre la stratégie climat de TotalEnergies (1), 7e développeur de projets de production de pétrole et gaz au monde (2), celle-ci a été approuvée à près de 88,76%. Un résultat équivalent à celui de l’année 2022. Comme pour Shell et Repsol, les actionnaires ont choisi de ne pas sanctionner l’entreprise alors qu’aucune d’entre elles n’a un plan climat aligné avec le scénario de l’Agence internationale de l’énergie pour limiter le réchauffement à 1,5°C.
Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance, déclare : “Alors que les activistes brandissaient des pancartes “Total détruit, les banques financent”, la majorité des actionnaires a de nouveau apporté un soutien indéfectible à la major alors que celle-ci s’apprête à développer de nouvelles bombes climatiques. L’hypocrisie est certainement avec la cupidité un des premiers traits de caractère des investisseurs. Les grasses dividendes qui leur sont versées ont toujours leur préférence, loin devant la stabilité du climat et un monde pacifié et soutenable. En votant pour le faux plan climat de TotalEnergies et contre la résolution externe, ils ne piétinent pas seulement leurs propres engagements climatiques, mais aussi les droits des populations en première ligne des impacts des projets développés par la major et du dérèglement climatique”.
La résolution climatique déposée par une coalition de 17 investisseurs (3), demandant à TotalEnergies d’aligner ses objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre indirectes, dites de “scope 3”, avec l’Accord de Paris à horizon 2030 (4) a également été soumise au vote (5). Si le taux d’abstention n’est pas encore connu, elle a été approuvée par 30% des actionnaires, un montant minoritaire mais supérieur à celui de 2020 et à celui obtenu pour une résolution similaire votée à l’assemblée générale de BP (16,75%) et Shell (20,19%).
“Le soutien plus important à la résolution climat démontre l’augmentation du nombre d’actionnaires qui doutent de l’efficacité de la stratégie dite climat de TotalEnergies. Mais beaucoup peinent encore à voter en cohérence avec ce constat, et voter en assemblée générale ne suffira pas à pousser TotalEnergies à renoncer à sa stratégie d’expansion pétro-gazière. Il est temps pour les actionnaires minoritaires désireux de ne plus contribuer à l’aggravation du dérèglement climatique de compléter leur politique de vote et d’engagement d’une suspension immédiate de tout investissement dans les entreprises qui, comme TotalEnergies, continuent de miser sur les énergies fossiles et leur développement. C'est déjà la stratégie d’investisseurs, tels que CNP Assurances, une stratégie intègre qui a déjà fait ses preuves et doit désormais être répliquée par les autres investisseurs”, poursuit Lucie Pinson.
Le détail des votes n’est pas public et il faut attendre plusieurs semaines pour savoir comment les principaux actionnaires du groupe ont voté. Après s’être opposé à une résolution climatique similaire à celle déposée aujourd’hui en 2020, Amundi, premier actionnaire de TotalEnergies, a approuvé son plan climat en 2021 et 2022. Il en est de même pour AXA IM. BNP Paribas, qui s’était abstenu en 2020, avait également approuvé le plan de la major les années suivantes.
Ces investisseurs, qui jouent un rôle crucial dans le développement de TotalEnergies, ont été interpellés dans le cadre de la nouvelle campagne internationale “Defund TotalEnergies” lancée par une coalition d’ONG, dont Reclaim Finance. Cette campagne appelle les banques et investisseurs derrière TotalEnergies à ne plus accorder de nouveaux soutiens à la major française, tant que celle-ci n’a pas renoncé à développer de nouveaux projets d’énergies fossiles. Ces projets impactent des communautés locales, détruisent des écosystèmes et menacent le climat car ils contribueront à émettre environ 2,3 gigatonnes de CO2e, soit l’équivalent de ce que la France émet en 6 années.
Contacts
· Lucie Pinson, Directrice de Reclaim Finance, lucie@reclaimfinance.org, +33679543715
· Sarah Bakaloglou, Chargée des relations presse France, sarah@reclaimfinance.org, +33661682510
Notes
(2) Urgewald, Global Oil and Gas Exit List.
(3) La coalition de 17 investisseurs est notamment composée de : Achmea IM, a.s.r. AM, Degroof Petercam AM, Edmond de Rothschild AM, La Banque Postale AM & Tocqueville Finance, La Financière de l’Echiquier, Mandarine Gestion, Man Group, Messieurs Hottinguer & Cie Gestion Privée, MN, Ofi Invest AM, PGGM Investments, Sycomore AM, ERAFP.
(4) Les émissions de scope 3 sont les émissions indirectes générées par l’entreprise dans le cadre de sa chaîne de valeur. Elles incluent notamment les émissions liées à l’utilisation des produits et services vendus par l’entreprise, à l’achat de matières premières, au transport des marchandises, au déplacements des salariés, et à la gestion des déchets générés.
(5) TotalEnergies, Projet de résolution d’actionnaires sur le climat, Mai 2023